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L’ÉPOUVANTAIL


Dans l’ombre fraîche de la salle, la fermière conduisit les deux enfants jusqu’au seuil, ses mains maternelles posées sur leurs chapeaux de paille.

Dehors, l’été vivait. L’air brûlant flottait au-dessus du sol. Un immense bourdonnement s’élevait dans l’espace. C’était dimanche. La saison magnifique possédait la nature déserte, écrasée de lumière et pleine de parfums.

— Allez ! dit la femme en souriant. Et n’ou­bliez pas d’embrasser la tante Berthe pour moi !… Et surtout, revenez de bonne heure !… Et soyez sages !… Nane, ne mange pas trop ! Et toi, Pierrot, ne fais pas enrager ta sœur !… Attention en traversant la route !…

Elle cria, car ils s’éloignaient :

— Et ne vous amusez pas en chemin !…

Alors elle rentra, puis ressortit, hésitante, avec un peu d’inquiétude au visage. Elle ouvrit la bouche, prête à rappeler les deux minuscules