Page:Renard - Le Vigneron dans sa vigne, 1914.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
LE VIGNERON DANS LA VIGNE

— Je n’y tiens pas, dit Robert.

— Alors ?… Et là-bas, de l’autre côté de la rivière, vois comme ce clocher brille au soleil couchant !

— Mâtin ! ce qu’on le bombarderait du point où nous sommes !

— Encore ! Qu’est-ce qui te prend ? Voilà tout ce que cette nature t’inspire ? Tu parles comme un général, tu souhaites donc la guerre ?

— Oh ! non, s’écrie Robert, non, non, pas de guerre ! Je ne m’occupe jamais de politique. Le gouvernement m’est égal, j’accepte n’importe lequel à la condition qu’il nous préserve de la guerre. Je n’ai peur que de la guerre.

— Et tu voulais, il n’y a qu’un instant saccager cette prairie et abattre ce clocher à coups de canon !

— J’ai dit ça comme j’aurais dit autre chose.

— Prends garde, Robert, on t’écoute ; tu jettes en l’air des mots qu’on rattrape et qu’on répète. Ce que tu dis comme tu di-