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LE VIGNERON DANS LA VIGNE

À ces mots, Robert éclate de rire et siffle un air joyeux par le trou de sa dent ; c’est toute sa réponse, et il n’y a pas moyen de discuter.

— Flûte à ton aise, lui dis-je ; tu ne m’empêcheras pas de venir habiter plus tard une maison près de la tienne.

— Quand vous aurez votre retraite !

— C’est ça.

— Moi, je suis tout retraité, dit Robert, et je vous attends.

— Nous finirons nos jours porte à porte.

— Tant mieux ! dit Robert ; vous n’êtes pas fier et vous aimez le peuple.

— J’en suis, Robert… Pourquoi ricanes-tu encore ? Tu es insupportable. Ne crois-tu pas que je serai ton camarade comme quand j’étais petit ?

— Si, si, dit Robert redevenu sérieux, et le soir nous jouerons aux cartes l’un chez l’autre.

— Je te le promets et nous boirons des brûtots d’eau-de-vie sucrée, et nous lirons des livres à la veillée ; lis-tu quelquefois ?