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LE VIGNERON DANS SA VIGNE

Il traverse la cour, va jusqu’au petit mur qui contient le fumier, et autant par habitude que par économie, il pisse.

Il ne rentre pas tout de suite et goûte le calme comme un breuvage.

D’ailleurs on tire un autre verrou, une seconde porte s’ouvre et le maréchal-ferrant, réveillé par une même cause, sort de sa maison. Il a pris son tricot et ses sabots. Ses premiers regards montent vers la lune.

— Est-elle belle !

Il ne dit que cela.

Il pisse.

Bientôt paraissent le menuisier, l’aubergiste, et Gagnard, et Fernet, qui se hâtent différemment selon le besoin.

On croirait qu’ils se sont donné rendez-vous.

Mais non. Ils se lèvent ainsi au milieu des pures nuits d’été. Ils laissent un instant les femmes libres chez elles, et préfèrent pour eux la nature.

Ils se reconnaissent avec plaisir et échangent des paroles rares, d’une sonorité qui les étonne. Ils se gardent de plaisanter ou