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NOUVELLES DU PAYS

— Il y en avait.

— Qu’est-ce qu’ils sont devenus ?

— Je ne sais pas. Et puis les prés n’étaient pas clos comme maintenant, les bœufs pouvaient se sauver. D’ailleurs le domestique ne gardait pas seulement les bœufs, il devait encore les faire manger. Un bœuf fatigué par le travail mange mal. Il préfère se vautrer dans l’herbe et dormir. Mais l’homme de garde sort de sa charrette et le relève d’un coup de pied. Le bœuf debout se remet à manger. Quelquefois, après une journée de forte chaleur, le domestique passait sa nuit à se promener au frais, de bête en bête. Avant le soleil, il liait les bœufs pour la charrue.

— Il gardait les bœufs, Philippe ; mais qui donc surveillait le domestique ?

— Personne. Cette corvée lui semblait naturelle comme les autres. Si vous commandiez la même à nos jeunes gens, ils refuseraient, ou s’ils acceptaient, au lieu de rester dans la charrette, ils courraient à droite et à gauche, dans les fermes voisines, se réchauffer auprès des servantes.