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LE VIGNERON DANS LA VIGNE


Dès qu’il pleut trop ou qu’il fait trop sec, que mon chien ne sent plus, que je tire mal et que les perdrix deviennent inabordables, je me crois en cas de légitime défense.

Il y a des oiseaux, la pie, le geai, le merle, la grive, avec lesquels un chasseur qui se respecte ne se bat pas, et je me respecte.

Je n’aime me battre qu’avec les perdrix.

Elles sont si rusées !

Leurs ruses, c’est de partir de loin, mais on les rattrape et on les « corrige ».

C’est d’attendre que le chasseur ait passé, mais derrière lui elles s’envolent trop tôt et il se retourne.

C’est de se cacher dans une luzerne profonde, mais il y va tout droit.

C’est de faire un crochet au vol, mais ainsi elles se rapprochent.

C’est de courir au lieu de voler, et elles courent plus vite que l’homme, mais il y a le chien.

C’est de s’appeler quand on les divise, mais elles appellent aussi le chasseur et rien ne lui est plus agréable que leur chant.