— Quel bel enfant vous avez, madame !
— Merci, madame. On me le dit souvent et je ne me lasse pas de l’entendre dire, car je crains de voir mon enfant trop beau quand je le regarde avec mes yeux maternels.
— Soyez en fière, madame. Vous le pouvez ! il rayonne ; il réjouit. On mangerait cru sa chair ferme. Il a des fossettes partout et des membres qui donnent la peur. Il doit vivre un siècle. Ah ! par exemple, ces folles boucles me mettent en défiance. Je vous soupçonne de les friser. Avouez-le, madame.
— Madame, je vous jure sur la tête de mon enfant, que jamais un fer sacrilège ne profane ses cheveux. D’ailleurs il est venu au monde avec.
— Je vous crois, heureuse mère, et je vous envie du fond de mon cœur.
Les deux dames se sont rapprochées, et tandis que l’enfant maigre, qui souffle à peine, reste par terre, la Dame-en-noir prend l’enfant gras, le pèse, le câline, l’admire et répète, émerveillée : Qu’il est lourd ! mon Dieu ! qu’il est donc lourd !