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L’HOMME DINDE


À force d’observer le vol de ses dindes, Jacques Feï se dit un jour :

— Qui m’empêche de voler aussi ? Ce n’est pas malin quand on a des ailes, et si je veux, une de mes bêtes me prêtera les siennes.

Mais il s’exerça d’abord à battre l’air de ses bras, tellement vite qu’il faisait autour de lui du vent et de la poussière.

Quant aux pieds, ils marcheraient d’eux-mêmes et Jacques s’en servirait comme un nageur.

Puis il cassa les deux ailes d’une dinde qui allait bientôt crever, et les ayant solidement fixées à ses coudes, il commença de prendre son essor.