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LE VIGNERON DANS LA VIGNE

— Tu as dit, comparant le chien avec le chat : « Le chat est plus fier, le chien plus dévoué, le chat ne rampe pas, le chien lèche tout le monde ; le chat est propre, le chien a des puces, et cœtera, et cœtera. »

— Tu as dit que les éditeurs ne savent pas leur métier, que les médecins n’y entendent rien, qu’on n’a que ce qu’on mérite, que tu es fataliste, que c’était le bon temps, que les Chinois ont déjà bu notre thé et que les Anglais en voyage tiennent toute la place.

— Tu as dit : « Non » au pauvre de la rue, que tu ne connais pas, sous prétexte qu’on ne sait jamais, et tu as dit au bureau de bienfaisance, au sœurs quêteuses, aux dames patronnesses et à Séverine : « J’ai mes pauvres. » Où peuvent-ils être ?

— Tu as dit : « Bah ! que la guerre éclate, je m’en fiche, mon sac est prêt, mes bottes cirées », parce que tu avais eu ce matin de petits ennuis, une peine d’amour ou un billet protesté, et parce que tu étais dans l’état d’esprit ou de fortune qu’il faut pour filer en Amérique.