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PREMIER PAS


J’eus enfin l’honneur de me promener sur le boulevard avec un Grand Homme et un homme déjà connu.

Le Grand Homme avançait régulièrement, la tête haute, l’air vague. Ses admirateurs s’arrêtaient pour le regarder, ceux-ci presque familiers, avant son passage, ceux-là respectueux, après qu’il était passé.

Il ne semblait voir personne. Parfois il souriait aux branches des arbres. Peut-être, indifférent, n’avait-il que la préoccupation de marcher au milieu du trottoir, tandis que la foule s’écartait toute seule.

Mais, à sa droite, l’homme déjà connu saluait un monde d’intimes, serrait des mains