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PROMENADE


Sur la route, je croisai d’abord un garçon et une fille qui marchaient côte à côte, sans se donner le bras, car la fille avait besoin des deux siens pour gesticuler. Elle parlait avec vivacité, presque bien, sauf qu’elle mettait trop souvent des o à la place des a et des e.

— Elle m’onnuie, ma momon, disait-elle ; voilà qu’elle ne veut plus que je donse avec toi, le dimonche. Je ne suis pas une gamine, tu ponses !

Puis deux femmes passèrent, l’une jeune, l’autre vieille. Habillées de noir neuf, elles portaient à la main des sacs gonflés. Elles se hâtaient, et prenaient la parole, chacune à