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le péril bleu

Mlle Marie-Thérèse ? » — que voulez-vous !… il m’a semblé qu’au fond de leur tombeau mes ancêtres ne devaient plus songer à grand’chose… et j’ai répondu : « Oui. Retrouve Marie-Thérèse, et Jeanne sera ta femme. »

» Une heure après, en accomplissant mes démarches à la préfecture de police, ma folie me stupéfia. J’aurais bien voulu revenir sur ma promesse et ne pas emmener l’inutile Tiburce ! Mais je n’en avais plus le droit. Si certain que je sois de son incapacité, il me faut désormais lui faciliter une tâche dont j’ai fait le serment de récompenser le succès ! »

— « Je comprends sa mine déconfite ! Pauvre garçon ! C’est dommage qu’il ne soit pas plus dégourdi, ce M. Tiburce ; il aurait retrouvé Marie-Thérèse. Avec un pareil mobile, on arrive à tout. L’amour !… »

— « Ha ! monsieur, l’amour ! Si vous mesurez les chances de réussite à la grandeur de l’amour, alors n’est-ce pas moi qui retrouverai ma fiancée ? »

— « Hum, votre fiancée… C’est-à-dire que… euh ! Écoutez donc… J’ai été un peu affolé, au moment de la dépêche… Il y a un autre jeune homme qui, concurremment avec vous, m’a demandé la main de ma fille… Je vous avoue que, pour ma part, euh… Enfin, elle choisira. Elle sera libre de choisir entre vous et M. Robert Collin… Mais, en toute justice, il est bien certain que celui qui la retrouvera… »

— « Mais, monsieur, » se récria le duc d’Agnès tout interloqué, « ne savez-vous pas que Mlle Marie-Thérèse me fait l’honneur de m’aimer ? »

— « C’est vous qui me l’apprenez, monsieur. »

— « Ho ! ho ! mais… il m’avait semblé que tout le monde le savait… »

« Décidément, » se dit M. Le Tellier, « j’ai trop vécu dans les étoiles. »