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le péril bleu

— « Eh bien, mon garçon ? » fit M. Le Tellier avec un geste découragé. « Que dis-tu de cela ? »

— « Moi ? Mais… qu’il faut prévenir la justice… »

— « Tu ne crois plus à un accident ? »

— « Mon Dieu… oui et non… Mais la justice… »

Un sourire entendu plissa les lèvres des paysans.

— « La justice est déjà prévenue », balbutia M. Le Tellier à voix basse et d’un air confus. « J’ai télégraphié ce matin au duc d’Agnès, qui va nous amener des gens de la police… »

Maxime, abasourdi, le regardait baisser les paupières.

— « Si ce n’est pas un accident, » s’écria M. Monbardeau, « qu’est-ce que ce serait donc ?… Une fugue ? c’est inadmissible. » Il hésita, l’espace d’une seconde : « Un enlèvement, alors ?… »

— « Je commence à le croire », dit M. Le Tellier. « Je m’attends à recevoir une lettre exigeant la forte somme en échange de Marie-Thérèse… »

— « Sans doute », approuva Maxime.

Il y avait là une quarantaine de montagnards formant le cercle. Ils secouaient la tête en signe d’incrédulité. Mme Monbardeau les imitait.

M. Le Tellier les dévisagea l’un après l’autre.

— « Est-ce que vous avez une opinion, mes amis ? » demanda-t-il. « Si vous en avez une, dites-la. »

Bornud répondit pour eux tous, avec l’accent doucereux du terroir :

— « Oh ben là non ! Ben sûr que non ! Nous autres, on ne peut pas savoir ! »

Mais la terreur du Sarvant planait sur eux.

La pluie, tout à coup, tomba violemment. Cela fit comme un piétinement soudain de mille petites pattes cabriolant de tuile en tuile au-dessus de la compagnie. Quelques épaules tressaillirent à ce bruit. M. Monbardeau s’approcha de son beau-frère, et tout bas :

— « Comprends-tu, maintenant, pourquoi le vol d’une statue et d’un mannequin les impressionnait pareillement ? Saisis-tu la progression ? »

— « Soyons francs », avoua M. Le Tellier. « Toi depuis hier, moi depuis ce matin, pensons-nous à autre chose ? — Quelle sottise ! »