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Épilogue



C’est la liste des moulages de l’aéroscaphe.

On sait qu’ils furent transportés au Conservatoire des Arts et Métiers avec les photographies du sous-aérien paraissant à la faveur de l’arnoldine. La visite en est permise tous les jours de la semaine, sauf le lundi.

Dans l’ordre matériel, c’est là tout ce qui reste de la première incursion des Sarvants sur notre sol.

On ne vient pas les regarder souvent ; et d’aucuns persistent à n’y voir que les vestiges d’une exorbitante supercherie. La terreur fut si grande qu’on se plaît à l’oublier, à croire qu’elle fut sans raison et qu’elle est sans retour. L’année 1912 après J.-C. semblait impérissable tandis qu’elle s’écoulait ; révolue, on ne veut même pas s’en souvenir. L’oraison des croyants monte à nouveau dans le ciel, où rien n’existe plus puisqu’on n’aperçoit rien. En France notamment, on soutient avec plaisir qu’il n’y eut jamais qu’un seul Péril Bleu : le Péril Bleu de Prusse. Le Bugey n’aime point à songer que sa limite coïncide avec le littoral sus-aérien ; dans quelques mois il le contestera.

Vraiment, si l’ancien ministre de la Guerre, redevenu simple député, ne bravait la Chambre narquoise et ne terminait tous ses discours par l’apostrophe renouvelée de Caton : « Il faut détruire les Sarvants ! », — si les infortunés rescapés n’étaient plus là pour conter leur martyre, — si la mémoire du Péril Bleu ne se trouvait chansonnée aux couplets des revues, sous le nom de Béryl Bleu, de Père ! il bleut, Bergère ! et autres finesses, — si M. Fursy n’avait fait une immortelle « chanson rosse » où le res-