Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.
356
le péril bleu

et balbutiait maintenant, d’une voix tendre et mouillée, un peu haletante

— « Marie-Thérèse ! ma chérie ! ma chérie ! Oh ! mon amour chéri !… »

Sa sœur essuyait le beau visage trop heureux, aux longs cils emperlés…

Mais le timbre de la grille résonna dans la pénombre, et quelques instants plus tard on apportait un second télégramme, celui de M. Le Tellier cette fois, qui justement ne disait pas du tout ce que M. et Mlle d’Agnès avaient préjugé, mais ceci :

Oui, c’est vrai, Marie-Thérèse pas revenue. Seulement, Henri Monbardeau a pu faire comprendre Marie-Thérès pas été enlevée avec lui et Fabienne. C’est Suzanne qui fut enlevée avec son frère et sa belle-sœur. Elle était allée les rejoindre en cachette près de Don le jour de l’enlèvement. Marie-Thérèse jamais été chez les Sarvants. Espérez donc. Nous espérons.

Jean Le Tellier.

— « Monsieur le duc, » dit le valet, son plateau vide à la main,« il y a un homme qui a sonné en même temps que le deuxième télégraphiste et qui demande à voir Monsieur le duc. Il dit qu’il a une communication urgente à faire à Monsieur le duc, et il dit aussi qu’il s’appelle Garan. »

— « Garan ! Faites entrer. »

Il entra, ce vieil ami, la moustache en bataille et les sourcils en crocs.

— « Bonne affaire, monsieur le duc ! Devinez !… Mlle Marie-Thérèse est retrouvée ! »

— « Je le sais… »

Garan, déferré, n’en poursuivit pas moins :

— « Vous le savez ?… Ah ! oui ; le télégramme, parbleu ! Eh bien alors, si M. Tiburce vous a déjà mis au courant, ça n’est pas vieux et j’arrive encore à temps. »

— « À temps ? Pourquoi ? »

— « Voici la chose, monsieur le duc. C’est une drôle d’histoire. Vous allez comprendre. Je suis envoyé ici par le gouvernement, pour vous mettre à la coule de tout et vous demander de ne pas ébruiter certains détails. C’est