Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
le péril bleu

R. — Je ne me souviens pas ; mais j’en suis sûr quand même ( ?  ! ) ; aussi loin que la vue pouvait aller, il n’y avait rien. Ils volaient, enfin, là !

D. — Pourriez-vous imiter leurs mouvements ? — Et d’abord, faisaient-ils chacun les mêmes ?

R. — Je vous écoute ! des mouvements absolument équilatéraux ( ?  ! ) puisqu’ils se maintenaient au même niveau, à la même distance et à la même vitesse. — Voilà comment ils faisaient ; et parfois ils se touchaient.

(Ici, le brigadier Géruzon se prit à gesticuler d’une façon violente et désordonnée. Je le mis devant une glace [écrit le reporter] afin qu’il se rendît bien compte du mérite de sa reproduction, dont je doutais. Mais il m’affirma que c’était bien cela. Mauvais observateur ou mauvais comédien, il ne put que me faire rire avec ses entrechats. — Je repris mon interrogatoire.)

D. — Cette exclamation, n’est-ce pas votre avis qu’elle était imprudente, lancée à haute voix non loin du village ? En somme, elle aurait pu donner l’éveil ?

R. — Elle fut en effet très bruyante. Il est probable qu’un des deux Sarvants ne pouvait s’enlever qu’avec effort. Ça lui a échappé. Mais il l’a étouffé aussitôt. Cela fut bref et comme interrompu.

D. — Êtes-vous de ce pays-ci ?

R. — Oui, je suis de Vions.

D. — On vous a raconté beaucoup d’histoire de Sarvants ?

R. — Encore assez.

D. — Et de Sarvants qui volaient ?

R. — Non. Jamais.

D. — Comment expliquez-vous le fait auquel vous avez assisté ?

R. — Je ne l’explique pas. J’ai vu. J’ai vu de visu (!) deux hommes s’envoler. Je ne sais pas comment, mais ils volaient. Un point, c’est tout.

Le reporter ajoute :

J’ai rencontré les Italiens deux jours avant leur prétendue ascension. La physionomie de ces hommes était vraiment patibulaire. — Ceux qui les ont employés n’en disent rien de particulier.

Vers midi, les patrouilles de cyclistes lancées à la poursuite des nomades rentrèrent à Châtel, sans avoir