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le péril bleu

sa portion de betterave… Henri Monbardeau, qui partage la cellule d’une paysanne, les regarde comme un homme ivre…

Moi je suis encore seul dans ma cabine invisible… Oh ! petite robe grise entrevue l’autre jour… Oui, mais il n’y a pas que moi pour être encore célibataire à la mode des Sarvants… Et puis — terreur ! — il y a des fous !… Et — oh ! mon Dieu ! — il y a le grand singe !…

6 heures du soir. — Je viens d’apercevoir, une seconde, le visage de Mlle Suzanne Monbardeau. Quand je l’ai reconnue au fin fond des groupes, je cherchais la robe grise.

9 juillet. Encore vu beaucoup de ballons, minuscules grains de cendrée. À quoi bon ?

3 heures 15. — Un des clapets de ma cellule se ralentit. Va-t-il s’arrêter ? Expérience ? C’est à craindre. Multitude de grincements sur la paroi côté corridor…

[À partir de cet endroit jusqu’à la fin du cahier rouge, l’écriture de Robert Collin tremble, ondule, balbutie et devient à chaque feuillet plus laborieuse et moins régulière.]

[Une page couverte d’arabesques illisibles.]

10 juillet. C’était une expérience, de raréfaction. Elle m’a laissé un engourdissement général qui est presque une paralysie ; je ne puis rester debout, et voilà plusieurs heures que j’essaie d’écrire sans y réussir. Pourvu que j’aie la force de faire ce que je dois faire !

§ Le loup qui a tué la renarde est mort, — tué aussi, je crois. Talion ? Justice ?… On a évacué son corps je ne sais où.

Mis 2 heures à écrire ces 8 lignes.