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le péril bleu

— « Continuez ! continuez le journal ! » dit M. Le Tellier. « Cela presse, cela presse ! »

Mais il fallait compter avec d’autres retards.

Pendant la lecture du cahier rouge, l’assistance s’était grossie de pompiers, de gardes municipaux, de savants, d’autorités et surtout, malheureusement, d’ouvriers métallurgistes qui travaillaient à cette époque dans l’arrière-Grand-Palais (avenue d’Antin). Ceux-là étaient venus en curieux et n’avaient rien compris au journal, dont ils ignoraient la première partie. Les braves ferronniers s’imaginèrent — on ne sait comment ni pourquoi — qu’il y avait, dans la masse invisible, des prisonniers de leur espèce ; et lorsque grinça le grincement, l’un d’eux, le compagnon Virachol, dit Gargantua pour cause de gigantisme et d’obésité, proclama « sanguinaire » le fait de « laisser des hommes là dedans ». Et il basculait un énorme levier dont il voulait défoncer l’invisible.

On retint Virachol. Mais, chaque fois que le grincement reprenait, Virachol reprenait aussi. De telle sorte que nous ne pourrions reproduire toutes les interruptions qui troublèrent la fin de cette lecture publique, sans composer un pathos indéchiffrable.