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le péril bleu

du poids, quand l’air pèse 1,3 gr. et l’hydrogène 0,01 !… Le vide, que tous les aéronautes emploieraient au lieu d’hydrogène, s’ils pouvaient avoir des enveloppes assez solides et assez impondérables à la fois pour résister à l’énorme poussée de l’air ambiant, sans annuler par leur poids l’avantage ascensionnel du vide !

Mais vraiment, tout ceci est d’une simplicité criante ! L’eau et l’air ! mais ce sont deux éléments jumeaux, que gouvernent les mêmes principes essentiels ! L’hydrostatique est la sœur bessonne de la pneumatique ! La mer aquatique et la mer atmosphérique ! mais que de fois on les a comparées l’une à l’autre !… Au fait, ni l’une ni l’autre ne se terminent brusquement par une surface précise… L’eau de la mer se continue dans l’air par des vapeurs salées que nous ne voyons pas ; de même, la mer atmosphérique se continue dans le vide aéré par des effluves dégradés que je ne saurais percevoir !… Elles ont leurs marées lunaires, toutes les deux, et l’océan gazeux a même des marées solaires… Elles ont leurs remous !… — Ici, pourtant, les oiseaux tiennent lieu de poissons supérieurs, et nous, les hommes, créatures des bas-fonds où notre lourdeur nous attache, nous sommes de pauvres crustacés qui se traînent misérablement !…

L’atmosphère ! qui pèse sur la Terre du poids que pèserait une couche de 10 mètres d’eau l’enveloppant de toutes parts !… La mer atmosphérique, où les montagnes sont les hauts-fonds ! des hauts-fonds plus accessibles aux Sarvants parce que plus près de la surface, — parce que, pour les atteindre, ils ont moins d’air à laisser pénétrer dans leurs airballasts, — ce qui explique pourquoi ils y pêchent si volontiers !

Car nous sommes pêchés ! — Pêchés ! — Puis on nous parque dans ces récipients, dans ces cuves (qui doivent être transparentes même pour les Sarvants), sous les yeux d’un public indiscret, en ce palais, en ce