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vii

Du 11 Août au 4 Septembre



Pour tirer sur son enfant, elle s’était servie d’un vieux fusil de chasse ayant appartenu à feu son père, M. Arquedouve. Dans la carnassière moisie elle n’avait trouvé qu’une seule cartouche à balle, — à balle ronde. Si le coup avait bien voulu partir, c’était donc par un de ces hasards nuisibles qu’on n’oserait pas mettre dans un roman et qui est bien la seule invraisemblance de cette histoire vécue.

L’antiquité de l’arme et la vétusté de la poudre firent qu’au lieu de transpercer la tête de Maxime, la boule de plomb se logea dans l’épaisseur osseuse du rocher, derrière l’oreille. Le soir même, on sut que le blessé s’en tirerait. Mais la guérison serait longue ; et, à cette heure, il n’avait pas repris connaissance. On ne devait pas compter sur lui pour dévoiler le mystère de la tache carrée. Le docteur, même, anticipant sur le réveil du jeune homme, interdit toute conversation surexcitante.

Mme Le Tellier promit de se taire comme les autres. C’est elle qui soignait Maxime. Et il faut savoir qu’elle s’en acquittait admirablement. La raison lui était revenue. Ce qu’une frayeur avait causé, une autre frayeur l’avait supprimé. Toutefois, il paraissait que la folie s’en fût allée avant le coup de fusil, et que Mme Le Tellier eût accompli cet acte en toute sagesse. Elle parlait sans remords de ce qu’elle avait fait, se disant prête à recommencer si l’occasion venait à s’offrir pour Marie-Thérèse, et déclarant la mort préférable à « des traitements si hon-