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vi

L’Amorce



Àtravers un sommeil agité, M. Le Tellier crut sentir une main qui le touchait. Il s’éveilla, d’un à-coup.

Mme Arquedouve se tenait près du lit, dans la clarté de l’aube. Le château dormait. La pendule, cette veilleuse du silence, faisait seule un peu de bruit. — Quatre heures du matin.

— « Jean ! Ils sont là ! »

« Ils » prononcé d’une voix pareille, « ils » c’étaient les Sarvants.

M. Le Tellier sauta de sa couchette, et passant une robe de chambre à la hâte, il demandait à l’aveugle :

— « Vous les entendez ? »

— « Le bourdonnement, oui. Je l’entends depuis un quart d’heure. Je doutais… je craignais de me tromper… C’est eux. »

— « Un quart d’heure ! Qu’est-ce qu’ils fabriquent donc ? Où sont-ils ? »

— « Je crois qu’ils ont d’abord tourné autour du château. Maintenant on dirait qu’ils ne bougent plus… N’ouvrez pas votre fenêtre, non, c’est inutile ; je crois qu’ils sont de l’autre côté du château, derrière. »

— « C’est surprenant, je n’entends rien du tout. Et par ici, vous avez raison, devant Mirastel on ne découvre absolument rien. »

— « Venez dans la galerie », conseilla Mme  Arquedouve. « De là vous pourrez voir. Mais faites bien attention en passant près de la porte de Lucie ; rappelez-vous que la moindre alerte pourrait amener une rechute ! »