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iv

Un Message de Tiburce[1]


( pièce 502)
Duc François d’Agnès,
Avenue Montaigne, 40,
Paris,
France,
Europe.
Nagasaki, le 20 juillet 1912.


Ante-scriptum. — Avant tout, sois rassuré ; je conserve le plus grand espoir de rattraper les fugitifs. Ceci étant bien établi, je vais te rendre compte de mon travail. Succinctement ; car je prends tout à l’heure le paquebot de Singapour, via Canton.

Mon cher ami,

Je sors de prison. J’y ai passé huit jours.

Depuis mon dernier câblogramme, j’ai traversé l’Amérique, de New-York à San-Francisco, à la poursuite de quatre per-

  1. Au moment d’insérer cette lettre à sa place chronologique, et malgré le serment que je m’étais fait de suivre M. Tiburce jusqu’au terme de ses divagations, pour édifier la jeunesse, — il m’est venu des scrupules. L’apparence déplacée et comme erratique de la missive choquait en moi l’esprit d’ordre et d’homogénéité. Mais prestement j’ai répudié d’aussi sottes préoccupations, devant l’intérêt de la tâche à remplir. Je compte même que les erreurs de M. Tiburce, rappelées ainsi tout d’un coup, sans l’ombre d’une transition, — comme une trappe s’ouvrirait sur un abîme de niaiserie, — frapperont davantage le lecteur.

    M. R.