Page:Renard - Le Péril Bleu, 1911.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

xix

La Charmille tragique



Cela se découvrit aux environs de trois heures après dînée.

C’était le 19 juin. Mme Arquedouve et M. Le Tellier s’étaient rendus en automobile chez le docteur Monbardeau ; Robert Collin se trouvait à Lyon, pour des achats qu’il disait urgents ; — et Mme Le Tellier gardait Mirastel avec son fils.

L’état nerveux de Maxime exigeait encore beaucoup de soins ; du reste, il refusait avec une obstination maladive de quitter l’enceinte du parc. Au début, même, il n’avait plus voulu sortir du château, et maintenant ce n’était que sur les instances et les prescriptions de son oncle qu’il consentait à prendre l’air et à faire de l’exercice. Deux fois le jour, à dix heures et à deux heures, il marchait au bras de sa mère et faisait les cent pas sous la charmille. « Comme cela, disait-il, on est à l’abri du soleil. » Mais la vérité, c’est qu’on était à l’abri du Sarvant, la voûte des feuilles cachant les promeneurs à tout regard venu du ciel. — Tant de précautions pouvaient sembler enfantines, puisqu’il n’y avait plus de nuages, puisque aussi les promenades s’effectuaient à la grande clarté méridienne et dans un lieu surpeuplé… Mais ceux qui raillaient Maxime n’avaient pas vu l’Assomption de la petite Jeantaz.

Et voici donc que Mme Arquedouve et M. Le Tellier revenaient d’Artemare, ayant, par mesure de prudence,