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le péril bleu


Le Journal

Sous le titre : COLLISION EN MER

Le Havre, 3 mars.

Le paquebot Bretagne, faisant le service entre New-York et Le Havre et qu’on attendait ce soir, a fait savoir au siège de sa compagnie, par marconigramme, que, dans la nuit du premier au deux, il a été abordé par un navire qu’il n’a pu identifier et qui s’est enfui. La collision s’est produite par tribord et à l’arrière. La coque est fortement endommagée, heureusement au-dessus de la ligne de flottaison. Neuf cabines de première classe sont détruites. Il y a cinq morts et sept blessés. L’accident ne retardera pas sensiblement la marche du paquebot.


Le Havre, 4 mars.

La Bretagne est arrivée hier avec trois heures de retard. On n’a aucune nouvelle du navire abordeur. Celui-ci s’est esquivé avec une telle rapidité que les projecteurs électriques de la Bretagne, aussitôt mis en action, ne purent le découvrir. Il est vrai que la mer était houleuse et que la pluie, tombant à verse, aveuglait les observateurs et limitait le champ d’éclairage. La collision se serait produite pendant que la Bretagne était soulevée par une forte lame.

[Suit la liste des morts et des blessés.]


Le Havre, 5 mars.

Les personnages qualifiés pour le savoir n’ont pas connaissance qu’un navire ait dû se trouver sur la route de la Bretagne à la date et à l’heure indiquées par le capitaine de ce transport. L’ère des pirates étant passée, il faudrait donc se rallier à l’hypothèse d’un vaisseau de guerre en mission clandestine. Cette supposition serait d’ailleurs confirmée par ce fait que l’énorme brèche de la Bretagne semble avoir été pratiquée par l’éperon d’un avant blindé. Alors, est-on en présence d’un accident ou d’une attaque ? — Il importe de noter que les vigies de la Bretagne n’ont aperçu aucun fanal.