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Autres Faits contradictoires



La période qui suivit fut vraiment terrible, pour la seule raison qu’il y avait encore des incrédules. Les populations avoisinantes gardaient une arrière-pensée de tromperie, et, parmi leurs constituants, ceux qui admettaient l’épidémie de disparitions n’estimaient pas qu’elle dût s’étendre. D’après eux, c’était une calamité locale. — Passe donc pour ces saints Thomas qui n’avaient rien vu. — Mais au cœur du Bugey, dans le pays de Belley, en plein désastre, plus d’un butor et plus d’un bel esprit s’obstinaient à goguenarder. Ils se moquaient du S. P. L. D. D. T. C. L. S. (le Syndicat pour la Défense du Territoire contre les Sarvants) qui venait de se fonder. Ils affectaient de contrevenir à ses prescriptions !… Et c’est cela qui est incroyable ! Et c’est cela qui provoqua tant et tant de malheurs !

L’audace de l’ennemi croissait avec le nombre de ses réussites. Son terrain d’opérations avait fini par devenir un cercle immense qui englobait Saint-Rambert, Aix-les-Bains et Nantua. Dans cette province, qui se développait sans cesse davantage, le Sarvant prélevait sa dîme incompréhensible. Et ceux qui ne croyaient pas en lui devenaient ses tristes victimes.

Mais que dire de ceux qui croyaient au Sarvant ! Les malheureux vivaient dans la terreur. Voulaient-ils sortir ? une escorte s’imposait ; ils se faisaient cortège réciproquement ; et l’on voyait cheminer des cohortes de villageois qui regardaient le ciel devenu équivoque. — Ah !