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Une Leçon de Sherlockisme



Monsieur Garan, dont la chambre était contiguë à celle de Tiburce, fut réveillé de bonne heure par des bruits sourds et rythmiques, des exclamations cadencées, qui venaient de là. Il entra sans façon, vêtu de sa chemise, et trouva le sherlockiste en train de se livrer à une pantomime gymnastique et suédoise, destinée à entretenir la souplesse du corps et la vigueur des muscles. À son aspect, Tiburce, qui était nu, lui tourna le dos et continua ses gestes scandinaves.

Ils avaient pris congé de tous la veille au soir ; car leur train était matinal et l’automobile de M. Le Tellier devait être parée vers cinq heures pour les conduire à Culoz.

— « Eh bien, mon confrère ! » dit Garan. « Vous partez toujours à la poursuite de M. Hatkins ? »

Tiburce acheva scrupuleusement sa rotation du torse autour des hanches

— « Plus que jamais ! »

— « Vous savez que c’est insensé ! »

Tiburce versa de l’eau dans un tub et se mit à barboter selon la règle.

— « Admettez que ce soit de l’inspiration », fit-il au bout d’un instant.

L’inspecteur examinait la chambre. — Un désordre voulu (à la Sherlock) y faisait un capharnaüm. Cela sentait très fort le tabac anglais navy cut. — À l’ombre de ses moustaches et de ses sourcils retroussés en toits de