que soit, au premier abord, l’étrangeté de cette formule ; mais je ne doute pas d’en trouver une autre, qui sera recevable, puisqu’elle sera vraie.
« De toute façon, je m’explique à présent pourquoi, du dehors, une fois la nuit venue, et une image lumineuse étant produite par ces carreaux mystérieux, la partie gauche de la fenêtre nous paraissait obscure et recouverte d’un rideau quelconque. C’est tout simplement parce que, derrière les carreaux ordinaires comme derrière les autres, il n’y avait en réalité que de l’ombre. Seulement, les carreaux… « rétroviseurs » nous montraient les clartés du passé qu’ils contiennent.
— Mon Dieu, M. Charles, dit Claude, tout cela commence à devenir à peu près clair pour moi ; mais comment expliquerez-vous que ces carreaux se soient mis subitement à mirer le temps jadis, puisque ni vous ni moi ne nous étions jamais aperçus de rien ? Ils ont été, comme qui dirait, morts, inanimés, durant des années et des années ; et tout à coup, crac ! les voilà vivants et qui nous donnent le cinéma…
— Laissez-moi le loisir d’étudier la question, dit Charles. Je n’ai rien expliqué encore, quoi que vous en disiez. J’ai simplement décrit le phénomène, en le comparant à ce qui se passe dans le ciel des astres.
« Vérifions quelque chose.
Il ouvrit alors la fenêtre, non sans peine, ce qui lui prouva qu’on ne l’avait pas fait depuis très longtemps.
Comme il s’y attendait, les images inexplicables suivirent le mouvement du battant. Quelle que fût la position de celui-ci, on apercevait toujours à travers, d’un côté le parc lunaire, de l’autre la chambre sombre, comme si le battant eût toujours occupé sa position primitive dans la fenêtre fermée.
Charles réfléchissait sans relâche.
— Apportez-moi des outils, Claude, je vais enlever ces deux carreaux ; ce sera plus commode pour les examiner. Et montez-nous une bonne lampe à essence.
Une demi-heure plus tard, les deux carreaux du battant de fenêtre étaient transportés dans la chambre de Charles Christiani.