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la maître de la lumière

compulsait les pièces les plus poudreuses de la bibliothèque, guidé dans ses recherches par l’érudit M. Palanque. Il n’avait jamais foulé le spardeck du Boyardville. L’île d’Aix et l’île d’Oléron continuaient de lui être inconnues. Et Rita, Rita…

Une émotion qui lui faisait très mal arrêta le cours de ces vigoureuses pensées. Il lisait, d’ailleurs, la lettre du vieux Claude, dont nous respecterons, sinon l’orthographe, du moins le style.

« Madame,

« Madame voudra bien nous excuser, la Péronne et votre serviteur, de vous refaire une lettre coup sur coup, autant dire, avec la dernière que j’ai eu l’honneur d’envoyer à Madame, il y aura seulement dimanche huit jours. »

« La présente est pour lui faire connaître que la situation ici n’est pas supportable. Les choses sont à vous faire dresser les cheveux, et c’est rapport à notre dévouement à Madame, à sa demoiselle et à notre M. Charles, que nous avons resté au château jusqu’à présent. Que Madame me croie. Vous dire ce qui se passe, oh ! non, je ne suis qu’un pauvre paysan, et je le répète : l’on se moquerait. Mais cela ne peut durer. M. Charles aura certainement la bonté de venir nous faire tout de suite une petite visite. Autrement, que Madame m’excuse, mais nous irions chacun chez nous, aussitôt la vendange, moi à Virieu, la Péronne à Aignoz, pour jusqu’à quand que tout soit fini, au château, de ces effrayantes fantasmagories.

« Je prie Madame de recevoir mes salutations respectueuses, ainsi que la demoiselle et M. Charles. Et que Péronne y envoie de même ses respects.

« Claude Cornarel. »

Il faut que tu partes immédiatement, Charles. Je me demande ce qu’il peut y avoir. Tu arrangeras ça.

« Tu arrangeras ça », « arrangez ça », c’était le mot de Mme Christiani pour tout ce qui se rapportait à Silaz.