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CHAPITRE iii

en famille


Le train qui ramenait Charles Christiani n’atteignit qu’à neuf heures du matin la gare Montparnasse. Il avait beaucoup de retard et contenait en surnombre plus de voyageurs debout que de voyageurs assis. On rentrait de vacances.

Charles, en dépit de ses efforts les plus sincères, ne pouvait entraîner sa pensée loin des événements si rapides qui venaient de se dérouler. Il ne se lassait pas d’y revenir, de les analyser et d’en remâcher le goût amer et pourtant délicieux. À présent, il s’expliquait mieux certains détails du séjour à l’île d’Aix et de la traversée qui en avait été si mémorablement interrompue. La grande confusion dans laquelle, en se présentant, il avait jeté Mme Le Tourneur et Rita lui apparaissait maintenant avec tous ses motifs, qui n’étaient pas minces ! Et comme il comprenait l’inquiétude effarée de cette pauvre Geneviève, lorsqu’elle avait vu son amie se lancer dans une aventure avec un Christiani. Il comprenait aussi le bain de mer refusé par Rita, pour toutes les obscures raisons de la prévoyance, de la bonté et de la pudeur, afin de ne pas laisser à Charles un