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la maître de la lumière

— D’abord… Enfin, mon cher, voyons, réellement, est-ce à moi de vous rappeler… Allons ! vous me faites marcher !

— Pardon, pardon, dit Charles qui se troublait et parlait maintenant d’une voix changée. Je n’ai pas rêvé, cependant. N’est-elle pas charmante ? Pleine d’esprit ? Irréprochable ?

— Certes ! confirma Luc sans quitter son rictus ironique.

— Je ne suppose pas qu’il y ait rien à dire sur ses parents. Honnêtes, eh ?

— D’accord !

— De son côté, donc, pas une ombre au tableau. Alors, alors… serait-ce de mon côté que… Mais je ne vois rien, moi, de ce côté-là !…

— Une seconde, mon cher. Je pensais vous connaître et, même en cet instant, j’ai la conviction, en effet, que je vous connais très bien. Mais nous nous débattons certainement dans un imbroglio. Il n’est pas possible que, vous, vous parliez comme vous venez de le faire. Dans ces conditions… Oh ! je serais suffoqué qu’on se fût joué de vous, qu’on vous eût abusé, pour se divertir… Et cependant, si invraisemblable que ce soit, je ne découvre pas d’autre explication…

— Comment ! s’indigna Charles.

— Pas d’autre ! Il faut, mon cher ami, qu’on vous ait livré un faux nom.

— On ne m’a livré aucun nom ! Et c’est justement cela que je voulais vous demander : qui est-elle ?

Un silence.

— Qui est-elle ?

Charles crispait ses mains aux épaules de Luc, dont les lèvres closes souriaient avec une expression de malaise.

— Marguerite Ortofieri, dit-il enfin. Rita, pour ses amies.

Affreusement pâle, Charles s’écarta de lui.

Le silence était retombé. Debout devant la fenêtre, assommé par la révélation, l’infortuné regardait, sans les voir, voler les mouettes. Il répéta, scandant les syllabes :