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CHAPITRE ii

un cyclone dans un cœur


Un vif étonnement s’était peint au visage de Luc de Certeuil lorsque soudain il avait aperçu Charles Christiani sur le pont du Boyardville. Et tout de suite il avait pris soin de donner à sa surprise une expression de joie superlative qu’elle n’offrait peut-être pas au début. Charles le vit fort bien, et cela ne lui fit ni chaud ni froid. Il connaissait le personnage, le savait de son temps, et le prenait pour ce qu’il était. De l’attitude du camarade, il déduisit que Rita, lorsqu’elle avait télégraphié de l’île d’Aix, s’était abstenue d’annoncer l’arrivée de son compagnon inopiné — abstention bien naturelle, puisque Charles lui avait confié son désir de ne déranger et par conséquent de ne prévenir personne.

Les trois voyageurs, parmi les autres, mirent le pied sur le sol d’Oléron.

— Eh bien ! s’écria l’oncle de Mme Le Tourneur, en riant. Vous en faites de belles ! En voilà une équipée !

Geneviève prit sa voix la plus aiguë et ses intonations les plus sinueuses :

— Mon oncle, je vous présente M. Charles Christiani, l’historien, qui a partagé nos souffrances.