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le maître de la lumière

cier !… Attends donc, attends donc… « Jean Cartoux » est-ce que par hasard ce serait…

Le perroquet vieillard, parmi les caquets des perruches et l’étourdissant gazouillis des oiseaux chanteurs, murmurait en nasillant, sur un air qui fut illustre :

Vir’lof pour lof, au même instant,
Nous l’attaquâmes par son avant
À coups de z’haches d’abordage…

— Tais-toi, Pitt s’exclama la cousine. Oh ! le voilà encore à chanter cette vilaine chanson qui s’achève par un gros mot à l’adresse du roi d’Angleterre !

Charles sourit :

— La chanson ne manque pas d’à-propos, ma cousine. Je songeais précisément aux marins qui ont constitué l’équipage de la Finette, commandée par César. Et je me rappelle que ses Souvenirs, de même que son mémoire secret, mentionnent l’insubordination habituelle d’un petit nombre de matelots qui avaient embarqué sur le navire, pour la fameuse course pendant laquelle l’île inconnue fut découverte…

— Eh bien ? pressa Bertrand.

— Ces diables de gaillards, César les faisait mettre aux fers assez facilement, ou bien il ordonnait de leur appliquer quelques vigoureux coups de garcette… Or, il en est un qu’il nomme, si je ne me trompe, Jean Carton. Du moins, comme il n’écrivait pas très lisiblement, j’ai lu, moi, Jean Carton. Mais aujourd’hui, tout me porte à croire que notre corsaire a formé un u comme un n (négligence, du reste, très fréquente chez tout le monde) et que, simplifiant l’orthographe selon la coutume de son temps, il a tout bonnement ignoré l’x qui termine le nom de Cartoux.

— En sorte, dit la cousine Drouet, en sorte que ce Jean Cartoux serait devenu policier ?

— Rien de plus vraisemblable, affirma Charles. Tenez, ma cousine : Fieschi, ancien sergent des armées napoléoniennes, Fieschi lui-même avait été policier après la révolution de 1830.

— Et qui nous dit alors, fit Colomba, que Jean Car-