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le maître de la lumière

main du tireur et que les caméras avaient photographié. Ce fut en pure perte, les perquisitions opérées, dès le 30 juillet 1835, au domicile de Fabius n’ayant amené qu’une découverte inutile : celle de plusieurs pistolets de différentes formes, tous bien nettoyés, dont chacun avait pu servir récemment, sans que rien dénonçât que l’un d’eux eût, en effet, servi. Du reste, aucune de ces armes ne se trouvait décrite dans les constats.

Ces exemples font voir avec quelle logique et quelle attention les recherches étaient conduites. On pourrait en accumuler beaucoup d’autres, ce qui n’aurait pour résultat que d’allonger vainement notre récit.

Tout n’aboutissait à rien. Et les nouvelles que Geneviève Le Tourneur recevait chaque jour, venant de l’atelier, étaient aussi désespérantes que celles dont la jeune femme transmettait à Charles l’écho douloureux. Rita, assiégée d’objurgations, seule contre tous ses proches, murée dans le silence de son secret, se voyait acculée à une capitulation qui, d’un moment à l’autre, au hasard des attaques et de ses défaillances, pouvait se produire. Elle jetait vers Charles, par l’intermédiaire de son amie, des appels désolés. Sur le point de se rendre, elle informait tristement Geneviève de l’impossibilité où elle serait bientôt de temporiser davantage ; Charles en recevait la nouvelle avec un sombre désespoir, traduisant tout ce qu’il apprenait de la sorte en cris d’alarme : « Vite ! Vite ! Trouvez ! Demain il sera trop tard ! Je suis à bout de forces ! »

Il n’avait pas revu Rita et redoutait de la revoir. Mais Mme Le Tourneur lui faisait de la jeune fille un portrait affligeant. Elle craignait que sa santé ne fût compromise par tout le souci qu’elle prenait et le tourment qui la rongeait sans cesse.

Le mariage de Colomba eut lieu dans ces conditions. À ce moment, Charles n’entrevoyait plus qu’une toute petite chance de salut, si faible qu’elle existait à peine.

Cette chance résidait dans les documents que la cousine Drouet avait hérités de César Christiani, son bisaïeul.

Charles savait qu’en 1835 la majeure partie des papiers de famille avait échu non à Lucile, grand-mère de la