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le maître de la lumière

Elle hoquetait, la pauvre. Charles l’embrassa tendrement.

— Il n’est pas indispensable que l’un des deux mariages soit manqué, observa Bertrand. L’assassin, somme toute, n’est peut-être ni Fabius ni mon grand-père anonyme.

— Hélas ! fit Colomba. (Des mouvements insurmontables lui secouaient la tête et les épaules. Ses bras frissonnaient.) Cet homme a une clé de l’appartement ; il peut entrer chez César quand il lui plaît.

— Ne vous agitez pas avec des suppositions, supplia Bertrand. Confiance ! patience ! et tranquillité ! Pourquoi les meilleures surprises ne nous seraient-elles pas réservées ? Tenez, ma chère Colomba, imaginez celle-ci : personne n’ayant tué César !

— Vous voulez me divertir pour m’empêcher de pleurer. « Personne », vous riez !

— Il arrive parfois des accidents si bizarres !

Et Bertrand examinait la plaque de luminite, faisait, des yeux, l’inventaire de tout ce que renfermait le cabinet aujourd’hui disparu : les meubles à présent répartis en plusieurs lieux, les objets maintenant anéantis ou dispersés. Là, c’était toujours le calme des chambres désertes, le mouvement extérieur des passants, les ombres voletantes du salon, où l’on discerna soudain les ombres sautantes des singes qui, probablement, se querellaient.

— A-t-on jamais présumé le suicide ? demanda Bertrand, qui fit volte-face sans avoir attenté à l’existence de la plaque.

— L’hypothèse a été envisagée par l’avocat de Fabius. Mais elle ne s’appuyait sur aucune base, morale ou matérielle. César n’avait pas de raison de se supprimer…

— Sait-on jamais !

— Enfin, l’arme, le pistolet, qu’est-ce qu’il en aurait fait, puisqu’il est mort foudroyé ?

— La fenêtre ouverte, les arbres… Une branche retenant l’objet lancé par la fenêtre…

— Mort foudroyé, te dis-je, face à la porte d’entrée…

— Face à la porte de l’antichambre ou a la porte du