Page:Renard - Le Maitre de la Lumiere, 1948.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
le maître de la lumière

— Eh bien ! voilà ton souvenir no 1. Je souhaite qu’il inaugure une brillante collection ! Mais, de grâce, ne l’égare pas. Adieu, message d’espérance ! Il y a des cas où les télégrammes devraient être verts.

— Personne ne le lira jamais et ta réputation n’est pas en danger, affirma Rita en se saisissant du papier léger.

— Je l’espère bien… Dis-moi, Luc de Certeuil va, très certainement, réfléchir à ce qui s’est passé tout à l’heure. Il a ta réponse sur le cœur et se demande pourquoi tu l’as prié d’attendre encore… Ne penses-tu pas qu’il ait l’idée d’établir une corrélation entre mon arrivée au tennis et la façon dont tu l’as édifié sur ton impatience d’être à lui ?

— Assurément non. Avant ton arrivée, j’avais déjà manifesté beaucoup d’incertitude…

— Hum ! c’est entendu, mais beaucoup d’incertitude émue, apeurée. Tandis qu’en dernier lieu, tu n’avais plus du tout le même air ! Tu semblais contente, excitée, tes yeux brillaient, belle Rita !

— J’ai pourtant fait bien attention. Mais c’était si difficile !

— Je crois, ma chérie, que les temps prochains te réservent plus d’une occasion de maîtriser ton joli visage, railla gentiment Mme Le Tourneur.

— Il faut lui répondre ! découvrit Rita tout à coup. Il faut le rassurer. Ce pauvre garçon ne sait pas où nous en sommes, ici. Et enfin, c’est la moindre des choses que de lui faire connaître que sa dépêche m’est parvenue. Geneviève ! S’il te plaît !

Elle suppliait.

La boîte d’allumettes n’avait pas été ouverte inutilement. Geneviève fumait une mince cigarette de tabac turc.

Elle s’assit, posant sur ses genoux, avec une docilité affectée, un grand bloc-notes.

— Dicte, fit-elle en dévissant un stylographe d’émail mauve.

— Monsieur Charles Christiani…

— Tu en as plein la bouche. Monsieur comment ? Répète.