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le docteur lerne, sous-dieu

limite traditionnelle de ses promenades et voulut m’accompagner.

Puis nous reprîmes le chemin de Fonval.

Mon oncle, en proie aux ardeurs néophytes, se penchait sur le capot afin d’en ausculter la tôle, ensuite il disséqua l’un des graisseurs compte-gouttes. Il m’interrogeait cependant, et je dus, à propos de ma voiture, le renseigner sur les moindres détails, qu’il s’assimilait avec une incroyable sûreté.

— Nicolas, dis, actionne la sirène, veux-tu ?… Maintenant ralentis… arrête… repars… plus vite !… Assez ! freine… en arrière, à présent… Halte !… C’est colossal !

Il riait. Sa face ennuagée éprouvait comme une embellie. À nous voir, on aurait supposé deux excellents amis. Au fait, nous l’étions peut-être, alors… Et j’entrevis que grâce à ma « deux baquets », il se pourrait que Lerne me fît, un jour, des confidences.

Il conserva cette gaieté jusqu’à notre retour au château ; le voisinage retrouvé des ateliers mystérieux ne l’altéra nullement ; elle ne disparut que dans la salle à manger. Là, tout à coup, Lerne se rembrunit : Emma venait d’entrer. Et le mari de ma tante Lidivine parut s’être effacé avec le sourire de mon oncle, un vieux savant acariâtre demeurant seul entre ses deux convives. Je sentis alors combien peu lui importaient les trouvailles futures à côté de cette femme, et qu’il