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le docteur lerne, sous-dieu

— Oh ! mon oncle, j’ai toujours aimé Fonval non pour le site, mais à la façon d’un ami vénérable, un ancêtre, si vous voulez. Il est de la famille. J’ai souvent joué, vous le savez, sur ses pelouses et dans ses ramures, c’est un aïeul qui m’a fait sauter sur ses genoux, un peu… — je m’enhardis à une cajolerie — un peu comme vous, mon oncle.

— Oui, oui… murmura Lerne évasivement. Tout de même, tu en auras bien vite assez.

— Erreur. Le parc de Fonval, voyez-vous, c’est mon paradis terrestre !

— Tu l’as dit ! c’est tout à fait cela, confirma-t-il en riant ; le pommier défendu pousse dans son enceinte. À chaque heure, tu frôleras l’Arbre de Vie et l’Arbre de Science auxquels tu ne dois pas toucher… C’est dangereux. À ta place, de temps à autre, je sortirais en voiture mécanique. Ah ! si Adam avait possédé une voiture mécanique !…

— Mais, mon oncle, il y a le labyrinthe…

— Eh bien ! s’écria gaiement le professeur, je vais t’accompagner et je te guiderai ! D’ailleurs, je suis curieux de voir fonctionner l’une de ces machines… euh…

— Automobiles, mon oncle.

— Oui : automobiles. — Et son accent tudesque donnait au mot, déjà si peu véloce, une ampleur, une pesanteur, une immobilité de cathédrale.

Nous allions côte à côte vers la remise. — Sans con-