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le docteur lerne, sous-dieu

seignèrent pas grand’chose. C’étaient de très modestes plantes dans leurs pots de faïence. Leurs noms en um ou en us me sont sortis de la mémoire — ce que je déplore, car ils donneraient à mon récit plus d’autorité comme plus de résonance. — Mais qui donc, à l’énoncé de leurs titres vulgaires, ne pourrait se représenter une aigrette de plantain et une touffe d’oreille-de-lapin ?

La première était, il est vrai, d’un genre exceptionnellement long et souple. Quant à la seconde, rien ne la singularisait, et, à l’exemple de ses pareilles, — contrefaçon très réussie dont elles tirent leur juste sobriquet, — elle imitait consciencieusement une douzaine de grands lobes auriculaires. À deux de ses feuilles velues, argentées, et à l’une des tiges du plantain, dans le bas, un bandage mettait son bracelet de toile blanche que le goudron (apparemment) tachait de brun.

Je poussai le soupir du soulagement. « Fort bien ! me dis-je, Lerne les a inoculées. Ceci n’est qu’une répétition de ce que j’ai déjà surpris, ou plutôt, même, l’un des premiers essais, timide et simple, et manqué, si je ne me trompe, un acheminement vers les phénomènes ultérieurs de la rotonde, qu’il prépare comme ceux-ci préparent les atrocités de l’aquarium. Pour suivre la progression de Lerne, il m’aurait fallu débuter ici, continuer par l’éden central et finir aux polypes. Merci, mon Dieu ! j’ai vu le pire… »