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le docteur lerne, sous-dieu

La cuisinière décampa devant nous aussi vite qu’elle put, ramassant à pleines brassées le recto de sa personne, tandis que l’envers, confié au Destin versatile, ballottait en liberté.

À droite, l’étang stagnait. Notre passage taciturne y coula son reflet comme un songe dans une léthargie.

De plus en plus j’étais la proie de l’ébahissement.

Toutefois je me gardai bien de sembler trop surpris à la vue d’un bâtiment de pierre grise adossé à la falaise, spacieux et nouveau. Il comprenait deux corps de logis séparés par une cour ; un mur élevé, percé d’une porte cochère actuellement close, la dérobait aux regards, mais des gloussements de volailles s’en échappaient et, nous ayant éventés, un chien donna de la voix.

Je risquai témérairement un coup de sonde :

— Vous me ferez bien visiter votre ferme ?

Lerne haussa les épaules.

— Peut-être, fit-il. — Puis, tourné vers la maison, il appela :

— Wilhelm ! Wilhelm !

L’Allemand à la figure de cadran solaire ouvrit une lucarne, et le professeur l’apostropha dans sa langue maternelle, si violemment, que le pauvre homme en tremblait de tout le corps.

« Parbleu ! me dis-je, c’est grâce à lui, à son inad-