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le docteur lerne, sous-dieu

La grosse femme avait très peur. Elle s’efforça de minauder, fit une bouche prête à pondre, semblait-il, et s’excusa : elle avait, de sa cuisine, vu tomber le pigeon et pensé qu’elle en pourrait renouveler le menu. « On mangeait toujours les mêmes plats… »

— …Et puis, ajouta-t-elle stupidement, je ne croyais pas que vous étiez dans le jardin, je vous croyais au lab…

Un soufflet brutal l’interrompit sur cette syllabe, la première de « labyrinthe », à ce que j’inférai.

— Oh ! mon oncle ! m’écriai-je indigné.

— Vous ! fichez-moi la paix ou fichez-moi le camp ! c’est bien simple, eh ?…

Barbe, terrifiée, ne pleurait même pas. Ses sanglots retenus la faisaient hoqueter. Elle était fort pâle, et sur sa joue, la main osseuse de Lerne restait imprimée en rouge.

— Allez prendre le bagage de monsieur, dans la remise, et montez-le dans la chambre aux lions !

(Cette pièce occupait le premier étage de l’aile occidentale).

— Ne voulez-vous pas me rendre mon ancienne chambre, mon oncle ?

— Laquelle ?

— Laquelle ? Mais… celle du rez-de-chaussée, la jaune, dans l’aile du Levant, vous savez bien…

— Non. Celle-là, je m’en sers, trancha-t-il sèchement. Allez, Barbe !