tronçon. Deux files de tilleuls jalonnaient ses bordures et, tout au bout de leurs alignements, la porte de Fonval sembla venir à nous. Devant elle, une esplanade en forme de demi-lune élargissait l’avenue, et derrière, on voyait le château profiler son toit bleu sur le vert des arbres, puis les arbres ressortir eux-mêmes sur le flanc sombre du gouffre.
Au milieu de son mur joignant les falaises, toujours coiffée de son auvent de tuiles, la porte avait vieilli ; la pierre du chambranle s’effritait ; le bois des vantaux, vermoulu, s’en allait en poudre, par place ; mais la sonnette n’avait pas changé. Elle sonna du fond de ma jeunesse, si gai, si clair, et si loin… que j’en aurais pleuré.
Nous attendîmes quelques instants.
Enfin des sabots clapotèrent.
— C’est vous, Guilloteaux ? fit une voix avec l’accent d’outre-Rhin.
— Oui, monsieur Lerne.
M. Lerne ? — Je regardai mon guide, les yeux écarquillés. — Quoi ! c’était mon oncle qui parlait de la sorte ?…
— Vous êtes en avance, reprit la voix.
Des verrous ferraillèrent, puis, par l’entrebâillement, une main passa.
— Donnez…
— Voilà, monsieur Lerne, mais… il y a quelqu’un avec moi, insinua le facteur soudain timide.