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le docteur lerne, sous-dieu

crédit à mes assertions, et moi qui savais la vérité plus incroyable encore, j’étais forcé, pour la comprendre et l’accepter, de me la ressasser en lui donnant in petto la forme verbale, la précision des mots, où les choses viennent s’affirmer et s’expliquer, ainsi qu’un problème dans la concision des chiffres :

Klotz est mort. L’automobile est mort. Et elle sombre avec son auteur, la belle théorie d’un mécanisme animalisé, immortel par remplacement de fractions et perfectible à l’infini. Donner la vie, c’est à la fois donner la mort, qui en est la suivante implacable ; et organiser les corps inorganiques, c’est les vouer à la désorganisation plus ou moins prochaine.

Mais, contre ma prévision, l’être fantastique n’est pas décédé faute de pétrole, saigné à blanc. Non : les réservoirs étaient à demi pleins. C’est donc l’âme qui l’a tué, l’âme humaine, cette âme corruptrice qui usait si rapidement les constitutions d’animaux, plus saines que les nôtres, et qui eut vite raison de ce corps métallique et pur.

J’ai donné l’ordre de jeter l’immonde paquet d’ordures. L’égout sera la tombe de Klotz. Il est mort ! il est mort ! J’en suis débarrassé. Il est mort sans rémission… Il est mort, enfin ! Son esprit est avec ceux des trépassés. Il ne saurait plus me nuire !…

Ha ! ha ! ha ! mon vieil Otto… mobile ! MORT ! Sale bête !

Je devrais être heureux. Je ne le suis guère, — Oh !