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le docteur lerne, sous-dieu

caché dans le tiroir secret d’un meuble, à Fonval. Après la reddition des comptes de tutelle, nos relations étaient restées les mêmes. Puis, brusquement, les messages se modifièrent, s’espacèrent, le ton en devint comme ennuyé puis hargneux, le fond banal puis vulgaire, la phrase gauche ; et l’écriture même parut s’altérer. De missive en missive ces choses-là s’étant accentuées, je dus me borner, chaque premier de l’an, à l’envoi de mes souhaits. L’oncle me répondait quatre mots griffonnés… Blessé dans ma seule tendresse, j’étais désolé.

Qu’était-il survenu ?

Une année avant ce changement subit, — cinq années avant mon retour à Fonval et ma perte dans le labyrinthe, — j’avais lu dans la Epoca :

« On nous écrit de Paris que le professeur Lerne dit adieu à ses clients pour se livrer à des recherches scientifiques déjà commencées à l’hôpital de Nanthel. Dans ce but, l’excellent praticien se retire aux environs de la ville ardennaise, dans son château de Fonval aménagé ad hoc. Il s’est adjoint quelques collaborateurs éclairés, entre autres le Dr Klotz, de Mannheim, et les trois préparateurs de l’Anatomisches Institut fondé par ce dernier, Friedrichstrasse, 22, et qui vient de fermer ses portes. — À quand les résultats ? »

Lerne m’avait confirmé l’événement par un billet