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le docteur lerne, sous-dieu

ossements et des carcasses d’animaux quelconques, les uns sans crâne, les autres sans tête. Klotz n’y était plus. Nelly n’y était pas.

Le sac du laboratoire me fit l’impression d’un chef-d’œuvre. Il démontrait l’aptitude innée à ce jeu, des hommes en général et de certaines nations en particulier. Je parcourus la maison à ma volonté, tous les vantaux claquant et battant au gré du vent. Dans la cour il ne restait que des bêtes vivantes n’ayant pas subi de traitement ; les autres, je ne les découvris que plus tard. Ici, donc, rien d’abîmé. — Les salles d’opération, par contre, renfermaient un chaos indescriptible de fioles brisées, dont les liqueurs mélangées inondaient le carrelage d’un lac pharmaceutique. Le massacre des livres, fiches et cahiers se dispersait à travers l’holocauste des appareils tordus. Enfin, la plupart des instruments de chirurgie avaient été dérobés. Les malandrins s’étaient enfuis avec le secret de l’opération circéenne et l’attirail voulu pour la pratiquer. Leur pavillon, en effet, avec ses commodes et ses armoires vides, son mobilier sens dessus dessous, m’apprit le déménagement des trois compères.

Comme je quittais la maison ravagée, mon attention se porta sur un filet bleuâtre qui montait derrière l’aile gauche du bâtiment. Il provenait d’un amas de détritus à demi-carbonisés dont l’odeur cadavéreuse m’écœura. J’approchai néanmoins, et l’un de ces détritus, ayant remué, se détacha de la butte pestilentielle : c’était un