navrances, telle cette Lidivine de couleurs ayant souri de voir son époux forniquer avec une gaupe, et qui souriait encore devant ses restes déplorables… Le tableau datait de vingt ans, mais la poudre des pastels, qui ressemble à la poussière de l’âge, lui donnait un cachet plus ancien. Chaque jour, aussi bien, l’estompait davantage et semblait le vieillir de plusieurs. Il reculait donc fort loin dans le passé ma tante et ma jeunesse. Il me déplut.
Je tâchai de m’intéresser à d’autres objets, à la brune tombante, aux premières chauves-souris, aux bibelots de la chambre, aux bougies qui l’éclairaient mal, à regret, de lueurs dansantes…
Le vent qui s’éleva sut m’occuper un instant ; il faisait mugir à travers la feuillée un invisible torrent, et, à l’écouter dans l’âtre fendre la nuit en gémissant, on croyait entendre passer le Temps. D’une poussée plus forte il éteignit une bougie ; l’autre vacilla. Je fermai la fenêtre vivement. Rester sans lumière ne me séduisait pas.
Et soudain je fus sincère avec moi-même et ne cherchai plus à me duper : — j’avais besoin de regarder le mort, de surveiller son impuissance.
Alors j’allumai la lampe et je plaçai Lerne dans un flot de clarté.
Vraiment, il était beau. Très beau. Rien ne persistait de la physionomie farouche que j’avais retrouvée après quinze ans d’éloignement, rien… sauf, peut-être,