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le docteur lerne, sous-dieu

seul parti raisonnable que j’aurais dû mettre à exécution depuis longtemps : le départ. Le départ avec Emma, bien entendu, car maintenant, pour rien au monde je ne l’aurais laissée à mon oncle, ayant recouvré avec l’anatomie des hommes leur toquade pour la femme.

Mais Emma n’était point de celles qu’on enlève contre leur gré. Consentirait-elle à quitter, du même coup, Lerne et la richesse promise ? Certainement non. La pauvre fille ne voyait pas, autour d’elle, se dérouler le conte bleu désagréablement modernisé ; les fastes à venir l’occupaient seulement ; elle était niaise et cupide. Pour la décider à me suivre, il faudrait l’assurer qu’elle n’y perdrait pas un centime… Et Lerne seul pouvait le lui déclarer valablement.

C’était donc le consentement du professeur qu’il s’agissait d’obtenir !… Certes, il ne pouvait être question que d’un consentement arraché par la contrainte, mais l’intimidation ferait merveille en ceci. Je jouerais habilement du meurtre de Mac-Bell et de l’assassinat de Klotz, mon oncle effrayé parlerait à Emma selon mes vœux, et j’emmènerais mon amie…, quitte à priver M. Nicolas Vermont d’un héritage sans doute fort ébréché, et Mlle Bourdichet de magnificences d’ailleurs bien chimériques.

Mon plan fut bientôt dressé en détail.