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le docteur lerne, sous-dieu

odeur du papier roussi où l’on a mesuré la chaleur des fers, et qui mêle symboliquement le fumet du Diable au parfum des jolies filles court-vêtues.

À côté, tout bruit avait cessé. Par surcroît de précaution, je tirai le petit verrou intérieur qui fermait la porte de Lerne. Nous pouvions être sans crainte quant à une entrée impromptue de mon oncle, pas dangereuse à coup sûr, mais inopportune. À la serrure, aucune clarté. Jamais je n’avais pris autant de garanties.

Toute palpitante, Emma, soyeuse de mousselines et de chair plus encore, m’entraîna vers le lit.

Deux fortes lampes brûlaient sur la cheminée, car c’est un beau spectacle à ne point mépriser, celui des allégresses que l’on dispense ; et il convient de remercier la Nature, qui veut que chacun de nos sens prenne sa part des jeux éperdus, et qu’en cette seule occasion leur nombre soit de six.

Emma les impressionnait tous graduellement. Mes bonheurs s’allumaient aux siens et s’avivaient à leur flamme grandissante. Avec elle, la divine comédie formait une intrigue complète. Rien n’y manquait : prologue, péripéties, coups de théâtre, dénouement. Et c’était comme en les pièces excellentes, où les événements qu’on souhaite doivent toujours se produire mais de façon inopinée.

Emma voulut d’abord se laisser caresser…

Puis, jugeant que l’avant-propos avait assez duré,