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le docteur lerne, sous-dieu

tisane effrénée, soudain quelque grâce volontairement pudique, ou son immobilité, rendaient mon amie pareille à une très jeune fille déjà parfaite dans sa forme. Ah ! ce corps de vierge folle, aux étranges nudités impubères !…

J’ai assez insisté, il me semble, sur nos divertissements, pour enseigner quel prix je leur attribuais, et pour montrer que si je dus me résoudre à les interrompre, la raison d’agir ainsi devait être sans réplique.

Cette raison, je la distinguai dans l’avanie suivante, que j’aurais sans doute imputée à mon état nerveux sans la connaissance du carnet. Je l’aurais alors dénommée « une conséquence pathologique des opérations », et Lerne m’eût bafoué jusqu’au bout. — Heureusement, j’augurai sa tactique dès le premier assaut.

Un soir que je traversais comme d’habitude les appartements du rez-de-chaussée pour aller de ma chambre à celle d’Emma, j’entendis traîner un siège au-dessus de la salle à manger, chez mon oncle. À cette heure tardive il avait coutume de se tenir tranquille ; mais cet infime détail me laissa fort indifférent. Je poursuivis, sans étouffer le bruit de mes pas, une expédition autorisée et non clandestine.

Emma frisait pour la nuit sa dernière boucle. Il rôdait, parmi les aromes coquets de la chambre, cette