— Non, répondit Lerne. Doniphan est mort. Voilà tout.
— Le pauvre garçon ! — dit Emma. Puis, après un silence : — Mais ne vaut-il pas mieux être mort que fou ? En somme, c’est ce qui pouvait lui arriver de plus heureux… Allons, Nicolas, tu ne vas pas faire une tête pareille… Viens !
Elle s’empara de ma main et m’entraîna vers le château. Lerne partit de son côté.
J’étais prostré.
— Laisse-moi ! laisse-moi ! criai-je tout à coup. C’est trop horrible ! Doniphan !… le malheureux !… Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir… Mais laisse-moi donc !
Une crainte affolante m’était venue. Délivré d’Emma, je courus sur les traces de mon oncle, et je le rejoignis à l’entrée du laboratoire. Il causait avec Johann et lui montrait le télégramme. L’Allemand disparut dans la maison à la minute même où j’accostais le professeur.
— Mon oncle !… vous ne lui avez rien dit, n’est ce pas ?… rien… à Johann ?…
— Si. Pourquoi ?
— Ho ! Mais il le répétera aux autres ! Il annoncera la mort de Mac-Bell…, et Nelly le saura, mon oncle ! c’est sûr ! Ils lui diront… oh ! comprenez-moi donc enfin : l’âme de Doniphan apprendra qu’elle n’a plus de corps humain !… Il ne faut pas ! il ne faut pas !…
Mon oncle, avec un calme irritant, prononça :