Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
le docteur lerne, sous-dieu

« … Mac-Bell ! pensais-je encore. Mac-Bell !… que faire ?… »

À ce moment, retentit la clochette lointaine de la grand’porte. — Quelqu’un à cette heure ! Une visite ? Il ne venait jamais personne !…

Je ralliai le château d’un pas pressé, me demandant pour la première fois ce qu’il adviendrait de Nicolas Vermont, si la justice opérait une descente à Fonval.

Caché derrière l’angle du château, j’aventurai un œil.

Lerne se tenait contre la porte et lisait un télégramme reçu à l’instant. Je sortis de mon retrait.

— Tenez, mon oncle, dis-je, voici un carnet. Il vous appartient, je pense… Vous l’aviez laissé dans l’automobile.

Mais un froufrou de jupes me fit tourner la tête.

Emma venait à nous, toute radieuse de ce soleil crépusculaire où ses cheveux semblaient puiser chaque soir une nouvelle provision de lueur rouge. Un fredon aux lèvres, comme on a quelque rose mordillée, elle venait, et sa démarche souple était presque une danse.

La clochette l’avait intriguée, elle aussi. Elle s’enquit du télégramme.

Le professeur ne répondait pas.

— Oh ! qu’est-ce qu’il y a ? fit-elle, qu’est-ce qu’il y a encore, mon Dieu ?…

— Est-ce donc si grave, mon oncle ? demandai-je à mon tour.